Projet
De Création d’un Poste de Gendarmerie
dans la région de Kakou,
Yaoundé, le 13 mai 2008
OUMAROU Mamoudou
1. Localisation du projet
Le présent projet sera développé dans la région de KAKOU, Département de la Bénoué, Arrondissement de Bibémi, Province du Nord Cameroun.
2. Promoteur
C’est une association culturelle et apolitique qui regroupe la Diaspora et les Locuteurs de la Langue Mambay dénommée DILOMA. Le siège social de ladite association est à Yaoundé, République du Cameroun.
3. Présentation du village KAKOU
a). Localisation du village
Le village KAKOU peut, sans exagération, être surnommé la «Côte d’Azur Mambay». Ceci grâce à de superbes plages de gazon vert et de sable fin qui bordent le fleuve Mayo-Kébi à l’infini. La température de l'eau est autour de 25° à 33° toute l'année.
Situé au bord du Lac NABA’ARAH (ce grand Lac en forme d’estomac), KAKOU, village de Ti-bolgui, avec ses villages satellites (Piaga, Bouza et Lazoua), est le Chef-lieu de la partie camerounaise du pays Mambay. Ce charmant village est situé à environ 20 Km de Figuil et à 101 Km de Bibémi son Chef-lieu d’Arrondissement.
b). Peuplement du village
Peuplé aujourd'hui d'environ 3.000 âmes (1.818 âmes pour KAKOU centre, 300 âmes pour Lazoua, 100 âmes pour Bouza et 800 âmes pour Piaga), le village KAKOU a une histoire ancienne. Selon la tradition des populations Mambay, le village KAKOU tirerait son nom de “Ka Ku’ûh”, c'est-à-dire sur le sable. Effectivement le village est fondé sur du sable fin et blanc (aujourd’hui disparu en raison de l’érosion). Il fut occupé par les habitants de Bolgui (ancienne ville Mambay située au pied du Mt Lambey).
Les Mambay sont les premiers habitants de la région de KAKOU. Aujourd’hui deux ethnies, les Mambay et les Haoussa originaires de Kabi (communément appelés Kabawa) constituent la population autochtone du village KAKOU. Quelques habitants saisonniers dans la région tels Guiziga, Toupouri, Massa, Falli, Guidar et bergers peuls cohabitent pacifiquement avec la population autochtone.
c). Activités économiques
KAKOU connaît une intense activité de pêche artisanale, d’élevage bovin, ovin et caprin, de culture de sorgho, de haricot et d’oignon, grâce à sa position au bord du lac Naba’arah et la présence de grands pâturages (les résidus de plantes après les récoltes de sorgho et les plantes nourricières tout autour du lac Naba’arah).
KAKOU a connu dans le passé un grand essor économique. Fort de ses activités de pêche, le village était l’un des centres de show-business: on assistait régulièrement à des festivités de danses organisées au niveau du village pour accueillir des groupes de danseurs Haoussa (venus du Nigéria), Kotoko et Bornois (venus du bassin du Lac Tchad), Mandara et Guidar (venus de Maroua et de Guider).
d). Accessibilité au village
Le village KAKOU est coincé entre une longue chaîne de montagnes volcaniques (environ 30 km) et le lac Naba’arah.
La chaîne montagneuse (plus de 700m au dessus du niveau de la mer) située dans l’arrondissement de Bibémi est composée de sept montagnes principales dont: Mt Lambey, Mt Ti-Ka’ataleh, Mt Ra’agou, Mt Wäh,
Mt Ka’ang, Mt Tara et Mt Manga.
Le village KAKOU est difficilement accessible par un réseau routier dans la période de juin à octobre. On accède au village en voiture dans la période de novembre à Mai et par pirogue toute l’année.
Le village KAKOU est particulièrement sollicité pendant la haute saison économique de la région qui va de Novembre à Mai. Avec la qualité de ses activités économiques (commerce de poissons, de bétail, de beignet, de fruits) sur le gazon vert tout autour du lac Naba’arah, KAKOU abrite de nombreuses festivités de danses et autres loisirs tout au long de l'année.
Le tourisme y est aussi praticable, mais n’est pas encore développé. On dénombre actuellement une dizaine de sites touristiques dans la région de KAKOU, dont le site Dag Pbaléh (le long mur de résistance, construit en pierres, contre l’armée islamiste de OUSMAN Dan Fodio). KAKOU, comme le reste du Cameroun, regorge des charmes qui ne demandent qu’à être découverts par vous !!!
e). Education et Santé
Dans le village KAKOU, l’éducation a longtemps été assurée par des systèmes de transmission des valeurs traditionnelles et ancestrales des parents aux enfants et de la communauté à l’individu. Mais à partir des années 1930 et surtout avec l’arrivée des Haoussa originaires de Kabi au Nigéria (communément appelés les Kabawa) et de confession musulmans, le système d’éducation traditionnel va connaître un peu de mixage: beaucoup des villageois Mambay vont peu à peu intégrer des valeurs musulmanes et Haoussa dans leur culture de base. Certains vont aussi se convertir à l’islam et ceci va créer dans le village des écoles coraniques.
Plus loin dans les années 1950 quelques bergers et commerçants peuls vont s’installer saisonnièrement dans le village KAKOU et plus précisément à Pinsa et les écoles coraniques vont encore connaître un bel essor.
A partir de 1962, le Chef de village KAKOU, au nom de Wã SALI HAOUSSA demandera aux autorités administratives à Garoua la construction d’une école publique à KAKOU. L’école publique de KAKOU sera réellement construite en 1964 et sera ouverte par l’instituteur MOUSSA (appelé par les villageois Maître MOUSSA).
Absence de centre de santé
Beaucoup d’instituteurs seront affectés à KAKOU, mais ne resteront pas longtemps. Beaucoup d’entre eux ont aimé le village, à cause de l’hospitalité et de l’abondance des vivres dont le poisson. Tous ont malheureusement déploré le manque d’un centre de santé. En cas de maladie ces étrangers éprouvaient des difficultés à se faire soigner par des méthodes indigènes et demandaient à être évacués soit à Figuil pour des petits soins, soit à Garoua pour des cas compliqués.
L’école publique de KAKOU va subir des retards dans son développement par manque d’instituteurs. Depuis 1970 jusqu’à nos jours il est difficile à un instituteur de rester plus d’une année à KAKOU sans déplorer le manque de centre de soins primaires. Les doléances ont été multipliées auprès des autorités administratives et traditionnelles, mais aucun centre de santé n’a jamais été construit.
Le village KAKOU était connu par bons nombres des visiteurs du pays Mambay comme un grand village composé de plusieurs centres populeux. Les populations Mambay affirment avoir connu KAKOU très populeux, avec de nombreuses personnes de troisième âge. Mais aujourd’hui le village Kakou est très jeune: le tableau ci-dessous nous montre le recensement de la population actuelle de KAKOU, effectué le 10 mars 2008 par Sa Majesté OUSSOUMANOU SAIDOU, le Chef actuel du village, à la demande de l’association DILOMA.
Tableau: Estimation de la population du village KAKOU centre en 2008
Libellé
|
Nombre
|
Enfants vivant dans le village KAKOU, qui ne sont pas inscrits à l’école.
|
1268
|
Ecoliers (Primaire et maternelle)
|
323
|
Elèves du secondaire (Lycée, CES ou Enseignement Technique)
|
17
|
Etudiants (Universités et Ecoles supérieures)
|
2
|
Nombre total d'hommes
|
200
|
Nombre total de Femmes
|
350
|
Nombre total de personnes vivant dans le village KAKOU
|
1818
|
Source: Le Secrétariat Local Exécutif (DILOMA) de KAKOU, en collaboration avec le Chef de village KAKOU
A ce nombre de 1.818 âmes il faut naturellement ajouter les populations des villages satellites de KAKOU à savoir:
· 300 âmes environ pour Lazoua ;
· 100 âmes environ pour Bouza ;
· 800 âmes environ pour Piaga .
f). Sécurité (Objet du projet)
Dans les temps anciens les populations de la région étaient sécurisées par des systèmes de gardiennage, montés par des jeunes guerriers encadrés par des archers de réputation.
Aujourd’hui ces systèmes n’existent malheureusement plus et les populations sont ces derniers temps victimes des actions des coupeurs de routes et d’une autre catégorie de bandits qui enlèvent des enfants en demandant des ransons aux parents.
Il existe certes une Brigade de gendarmerie et un Commissariat de police à Padarmé, mais les forces de l’ordre éprouvent des difficultés à se rendre dans la région de KAKOU, non seulement à cause de la distance qui sépare les deux villages, mais aussi de l’enclavement du village KAKOU. Ce dernier est coincé entre une longue chaîne de montagne (environ 30 Km) et le fleuve Mayo Kébi. Il faut naturellement mentionner que pendant la période de Mai à Octobre aucun engin roulant ne peut accéder à KAKOU, à cause du niveau élevé d’eau du fleuve qui ferme totalement la seule route qui relie les deux villages KAKOU et PADARME. En saison des pluies, le village KAKOU n’est accessible qu’en pirogue.
Les bandits (les Fassobé) s’établissent dans la région
La chaîne montagneuse séparant la région de KAKOU des villages BIKALE, BOULA-BABO et KATCHEO, abrite un campement des bandits fortement armés d’arcs et d’armes à feu. Ces bandits ont élu domicile à un endroit précis et connu des populations de KATCHEO, de BOULA-BABO et de KAKOU depuis les années 1970; les populations les appelaient FASSOBE (c'est-à-dire « bandits »). On ignore cependant leur origine, parce qu’ils ne parlent pas la langue Mambay, la langue de la région. Ils ont été surpris plusieurs fois par différents chasseurs et guérisseurs traditionnels Mambay en quête de plantes médicinales. Une fois surpris ces étrangers (bandits ou Fassobé) recommandaient à leurs visiteurs de se taire sous peine d’être éliminés physiquement la prochaine fois qu’ils se retrouveraient encore nez-à-nez.
La route LAM fut abandonnée
Ces Fassobé ont campé exactement sur la route principale (route LAM) qui reliait KAKOU et BOULA-BABO: la route quittait PINSA à KAKOU, passait devant la montagne TI-Ka’atalléh, ensuite elle passait entre les montagnes Waâhr et Ra’agou, elle aboutissait enfin à LAM (Boula-Babo).
Cette route est la plus courte de tous les itinéraires qui peuvent relier la région de KAKOU à LAM (Boula-Babo); mais elle fut immédiatement abandonnée et fit place à celle de LAMBOU.
La route LAMBOU fut abandonnée à son tour
La route de LAMBOU quittait BOUZA, passait entre les montagnes TARA et KA’ANG; ensuite elle passait devant la montagne LAMBOU; elle arrivait à LAM (Boula-Babo) en passant par la plaine KAGUEÏ.
Cette route est sept fois plus longue que celle de LAM.
Les Fassobé avaient des troupeaux de bœufs et ils devaient faire paître leurs bêtes dans les plaines situées entre les montagnes, ce qui les obligeait à se déplacer avec leurs troupeaux entre les deux routes (LAM et LAMBOU). Finalement la route LAMBOU fut à son tour interdite dans les années 1995. Exactement à cette période les Fassobé vont utiliser les armes à feu pour intimider les populations Mambay et des bergers Peuls (Kessou). Les Peuls Kessou vont abandonner les régions de KAKOU, KATCHEO et BIKALE pour s’établir dans la région de Golombé où la sécurité est favorable.
Les bandits procèdent aux désordres
Phase I: vente forcée de bétail
Depuis les années 2000, les populations des régions de BIKALE, KATCHEO et KAKOU seront régulièrement victimes des actions des bandits. Ces derniers localisaient les campements des bergers peuls et venaient s’y installer pour un ou deux jours; pendant leur court séjour, ils choisissaient des taureaux dans des troupeaux et ordonnaient aux bergers d’aller les vendre au marché d’ADOUMRI ou de BOULA-IBIB, pour leur apporter de l’argent liquide sous peine d’être éliminés physiquement. La peur s’installe dans les communautés de la région Mambay. C’est la première phase de l’insécurité.
Phase II: demande de ranson
Depuis les années 2006, les populations des régions de BIKALE, KAKOU et KATCHEO seront une fois de plus frappées d’une terreur jamais vécue: on assistera à des enlèvements réguliers d’enfants dont la liberté dépendra d’un versement de ranson exorbitante imposée aux parents d’enfants par les ravisseurs.
L’année 2007 par exemple sera une année noire pour la région de KAKOU: trois familles paysannes (des villages KAKOU et PIAGA) débourseront environ 6.000.000 FCFA pour libérer leurs quatre enfants pris en otage par des bandits qui circulent régulièrement entre le Nigeria et le Tchad en passant par la zone de Bibémi.
Les actions des bandits dans la région troublent actuellement la sécurité des populations et ralentisse les activités économiques. La brigade de gendarmerie installée à PADARME, ne parvient pas à assurer totalement la protection des populations dans la région, et ceci est dû à plusieurs causes dont:
· Le manque de la logistique selon les déclarations du Commandant de Brigade de Gendarmerie et du Commissaire de Police de PADARME, que DILOMA avait rencontrés en novembre 2007 à PADARME;
· Le manque de coopération entre les populations locales et la gendarmerie;
· La distance et l’enclavement de certains villages à l’instar des villages KAKOU, BOUZA, MANGA, PIAGA et LAZOUA;
· Une mauvaise maîtrise des brousses entre les montagnes, par les éléments de la Gendarmerie.
Fort de ce constat et conscient de la nécessité de l’ordre public dans la région de BIBEMI et en particulier dans les régions de KAKOU et de KATCHEO, l’association culturelle et apolitique qui regroupe La Diaspora et les Locuteurs de la Langue Mambay (DILOMA), décide d’attirer l’attention de l’Etat Camerounais, afin que ce dernier réagisse dans un délai raisonnable au secours d’une population en détresse, en installant un poste de Gendarmerie à KAKOU.
4. Description du projet
Le présent projet que l’association DILOMA (association culturelle et apolitique) soumet pour appréciation à l’attention de Monsieur Le Secrétaire d’Etat à la Défense, Chargé de la Gendarmerie (SED), consiste à interpeller toutes les forces vives (l’Etat Camerounais et les habitants de la région de KAKOU et de KATCHEO) à mobiliser ensemble leurs énergies, afin qu’un poste de Gendarmerie soit installé à KAKOU.
Ce poste de gendarmerie assurera la sécurité des populations des villages KAKOU, BOUZA, MANGA, PIAGA, LAZOUA et KATCHEO.
5. Objectifs Généraux du projet
- Sécurité pour tous et partout;
- Participation à la politique gouvernementale de la lutte contre le banditisme;
- Lutte contre l’insécurité.
6. Objectifs Spécifiques
- Assurer la sécurité des populations dans la région de KAKOU et de KATCHEO;
- Assurer la libre circulation des biens et des populations dans la région concernée;
- Déloger les bandits qui élisent régulièrement domicile dans la longue chaîne des montagnes dans les régions de KAKOU et de KATCHEO;
- Assurer l’ordre public dans les villages KAKOU, BOUZA, MANGA, PIAGA et LAZOUA.
- Redonner de la vitalité aux activités économiques ralenties par les actions de ces bandits de grand chemin.
7. Bénéficiaires
- Les habitants des régions de KAKOU et de KATCHEO;
- L’Etat Camerounais.
8. Structure du poste de Gendarmerie
Le poste de Gendarmerie comprendra:
· 01 bâtiment qui abritera le bureau du Commandant, ceux de ses collaborateurs et ainsi qu’une cellule;
· 01 maison de logement pour le Commandant.
Le bureau du Commandant est déjà construit
Le village KAKOU dispose déjà d’un bâtiment pouvant abriter le bureau du Commandant. Il s’agit de l’ancien bâtiment de la Propharmacie du village, construit en sémi-dur dans les années 1990 et qui est en bon état (toiture, murs, véranda et sols). Le bâtiment est assez vaste (contient 5 pièces) pour abriter le bureau du commandant, celui des éléments de la gendarmerie et ainsi qu’une cellule.
La maison du Commandant et des éléments
Au départ le Commandant de poste sera logé par le Chef du village. Les éléments de la Gendarmerie seront logés par les habitants de la région. Mais il sera construit plus tard, par l’Association DILOMA et Le Comité de Développement de la région de KAKOU (CODEBOL), un logement provisoire pour le staff de la Gendarmerie.
Il faut noter que les habitants de la région de KAKOU sont hospitaliers et attendent impatiemment l’arrivée de la Gendarmerie dans leur localité.
|