Le premier jour de l’installation des Chefs de Communautés constituera pour le Mambay, le début de sa révolution socioculturelle. Il pourra ainsi reconquérir sa civilisation longtemps suspendue, dûe à des agressions diverses dont il a fait l’objet.

 

Les agressions armées, religieuses et socioculturelles dont le peuple Mambay a fait l’objet, sont sans doute les causes du retard du développement de ce dernier. La réconciliation avec le passé pour retrouver le fil conducteur demandera bien entendu un travail de grosse énergie. Oui, un travail de grosse énergie, parce que la reconstruction du passé demande des sacrifices intenses tant sur le plan intellectuel que temporel, matériel et financier.

 

On ne fera pas non plus de cadeaux au peuple Mambay, du moment où il cherchera à s’affirmer sur le plan socioculturel. Qui dit socioculturel dit en même temps politique, parce qu’une politique véritable ne peut se développer que dans une société culturellement bien assise. L’émancipation socioculturelle constitue un instrument de pression et de revendication aux yeux des uns et des autres, c’est pour cela que le Mambay devra fournir des efforts énormes pour pouvoir voir dans le futur ses enfants vivre tête haute avec les deux pieds sur terre, le cœur tranquille, le visage serein, la voix douce, une démarche noble aux pas sûrs…

 

Le Mambay, longtemps coupé de bonnes habitudes, devra s’atteler pour réapprendre les nobles mœurs de ses ancêtres. Il devra réapprendre à connaître la notion de la valeur, la notion de la valeur d’un objet, la notion de la valeur d’un individu, la notion de la valeur de la collectivité; sans notion de valeur, il ne saura pas apprécier la grandeur et le pouvoir d’un Chef de Communauté, par conséquent il corroborera cette mission exaltante et salutaire entreprise par DILOMA.

 

 

Par contre une fois la notion de la valeur retrouvée et assimilée, le Mambay retrouvera la splendeur de sa civilisation riche, l’une des plus riches du monde (Le Mambay étant issu de la fusion des plusieurs peuples culturellement bien assis, et chacun n’étant pas venu les mains vides, chacun ayant apporté un peu de ses connaissances), il retrouvera aussi son véritable milieu écologique humide toute l’année, sillonné des lacs Lakanja et Naba’arah, des fleuves Mayo-Siwa, Mayo-Kebbi, Mayo-Louti, Be Pah MBomna, Be Da Makehla, Be Laamtouri, Be Ti-Gaâga…

Il exploitera ses deux chaînes de Montagnes volcaniques, dont la chaîne Manga-Lambey, longue d’environ 30 km, située au sud du Lac Naba’arah, et une autre chaîne (appelée Hossere Ouro Haoussa) située au Nord du Lac Naba’arah, à l’ouest du fleuve Pah Mbomna, longue d’environ 15 Km. Il exploitera ses montagnes pour la construction de ses bâtiments, y fera extraire des pierres précieuses (or et diamant) que les Allemands du Kamerun avait laissées, chassés par les Français de Fort Lamy et les Anglais de Lagos. Les mines de fer et du cuivre vont une fois de plus re-ouvrir leurs portes et parleront d’elles-mêmes, en disant : « nous sommes les portes qui mènent au gisement de matières premières ; le gisement s’étendant de Bibémi (Cameroun) à Léré (Tchad) » et de Lam-Guider à Bé.

 

Les volcans actifs de la région vont s’endormir paisiblement et ne voudront plus effrayer les populations de Bolgui. Même la dernière éruption volcanique survenue en Août 1990 sur le Mt Ti-Ka’atalleh s’endormira éternellement. La lave rouge foncé sur le Mt Kaäng se solidifiera davantage, la dent rouge foncé Ti-Nourmi, retrouvera le culte que le clan Ti-Kongong lui vouait avant l’arrivée du Christianisme et de l’Islam.

 

Le Mambay parlera directement à Siketi et Siketi lui répondra avec amour.

 

Les hippopotames seront encore reconstruits en terre cuite et le féticheur leur insufflera le souffle de la vie et ils deviendront des âmes vivantes.

Les prêtres de Bolgui, de Tara et de Katchéo disaient parfois que quelques chasseurs initiés (Gao), dont Gao Djingui, Gao Gabdaou et leurs amis avaient créé les hippopotames dans le Lac Naba’arah à base de terre cuite, que des statuettes en terre cuite furent façonnées devant la dent rouge foncé Ti-Nourmi et les hippopotames apparurent dans le Lac Naba’arah.

 

Les portes de poissons s’ouvriront encore sous les Montagnes grâce aux incantations à base des paroles d’initié accompagnées de potion d’écorces et de feuilles d’arbres à poissons; et les eaux des lacs et des fleuves regorgeront de divers types de poissons comme auparavant.

 

Les bœufs des Mambay que des bergers peuls avaient volés (les peuls gardaient le bétail des Mambay; certains d’entre eux ont fuit avec les bœufs. Ils sont rentrés au Niger avec les bêtes), reviendront et les plaines humides seront encore remplies des bêtes. On y mangera du fromage et du lait frais à tout moment comme pendant la période de bonnes mœurs Mambay.

 

D’autres activités commerciales naîtront dans le pays Mambay à cause de l’ouverture d’esprit des populations.

 

Les moments de détente seront plus nombreux: des danses traditionnelles, des jeux de loisirs, des courses à pirogue, la lute traditionnelle....

 

Le pays Mambay sera encore fréquenté par des étrangers venus du Burkina, du Niger, du Nigeria, de Sokoto, de Mandara, de Kotoko, de Ngaoundere, de Guider et de Peske Bori, de partout dans le monde et tout cela, à cause du rayonnement de la culture Mambay et du tourisme du pays Mambay.

 

Le pays et le peuple Mambay seront alors incontournables pour le développement des nations  tchadienne et camerounaise.